Le Midi Libre du 20 12 2017

La pyrale du buis, un fléau qui n’est pas près de disparaître.

Écologie. Des traitements existent pour des jardins, mais pas de solution adaptée aux grands espaces naturels où les coûts seraient exorbitants.

À l’initiative du Parc naturel régional des grands causses, une conférence a eu lieu, samedi, à la salle des fêtes, concernant la pyrale du buis. Ce papillon très prolifique est un insecte originaire d’Asie orientale qui a envahi le Sud-Aveyron au mois d’août. Une cinquantaine de personnes a suivi les interventions de deux Strasbourgeois qui ont été des lanceurs d’alerte. Les premiers signalements aux autorités ont été faits il y a dix ans par Christophe Brua, président de la société alsacienne d’entomologie : “La propagation en France s’est faite par la commercialisation de buis infectés. Les autorités auraient pu interdire ou réguler la vente. Rien n’a été fait. 90 % à 95 % des départements français sont touchés.”

 La pyrale du buis est un papillon. Les femelles pondent 800 œufs, trois à quatre fois par an. Chaque cycle dure environ 45 jours. Des chenilles non urticantes éclosent, se transforment en chrysalide puis en papillon. Les œufs se présentent sous forme de lentilles vertes sur les feuilles. Actuellement, les chenilles hivernent dans des logettes de soie. Elles mangent les feuilles ainsi que l’écorce. Près de Mulhouse, 10 ha de forêts ont été défoliés en une saison. Le papillon vole la nuit attiré par les lumières, notamment d’ampoules qui émettent des rayons ultra-violets. Dans le massif alpin de la Chartreuse, la pyrale est arrivée à mille mètres d’altitude.

“La pyrale du buis a une multiplication exponentielle car il n’y a aucun frein et aucun parasite pour la réguler, expliquait Christophe Brua en marge de la conférence. Cette espèce exotique envahissante vient d’un autre continent avec des climats similaires au nôtre. En Asie, les buis n’ont pas de problème. Là-bas, les pyrales attaquent les houx et les fusains, mais pas chez nous.”

Pour lutter contre la pyrale, il y a des traitements avec des insecticides. Il faut attendre le printemps et les premiers rayons de soleil. Christian Marchand, pépiniériste à Strasbourg, a été le premier à avoir, dès 2008, appliqué des produits à base d’huile de colza et de pyrèthre naturel. Il commercialise des solutions dans plusieurs pays européens.

En contactant des jardineries et des professionnels, il est possible d’obtenir des solutions de bio contrôle avec des substances comme les nématodes, de petits vers microscopiques. Il y a aussi la bacillus thuringiensis, variété Kurstaki, qui ne tue que les chenilles de papillon. Avant tout traitement, il faut bien secouer le buis pour faire tomber les feuilles mortes afin que le produit pénètre bien à l’intérieur. Une autre solution consiste à utiliser des pièges à phéromones qui sont des substances chimiques émises par le papillon femelle pour attirer le mâle. Autre possibilité avec des parasites, en l’occurrence des micro-guêpes, qui pondent dans l’œuf de la pyrale et le mangent. Enfin, la lutte peut s’appuyer de manière limitée sur des prédateurs tels que les passereaux et les mésanges.

« Des solutions existent pour les jardins privés et les parcs, mais sur les grands espaces naturels aucune solution n’est adaptée car cela représenterait des sommes astronomiques », conclut Christophe Brua.

Contacts, sites internet :  SOCIETE ALSACIENNE D’ENTOMOLOGIE  et   LA PYRALE DU BUIS
 Lien du Midi Libre :  conférence sur la pyrale du buis 16/12/2017