http://alsace.france3.fr/2013/09/11/alerte-la-pyrale-du-buis-316069.html

 

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La ravageuse pyrale du buis (Cydalima perspectalis) l’avait à peine effleurée l’an dernier. Cette année elle ne lui a donné aucune chance. Elle a avalé tout cru le Buxberg, la forêt de buis la plus septentrionale de France, située entre Tagolsheim et Illfurth, dans le Sundgau.

Grillé ! Le sous-bois de plusieurs hectares qui s’étire en flanc de colline entre Illfurth et Tagolsheim est totalement grillé. En long, en large et en hauteur. Plus une seule feuille de visible. Ici ou là juste des petites chenilles affamées tournent au vent, suspendues au bout de leur fil de soie. Le spectacle est macabre, lugubre. Dépité, Christophe Brua, président de la Société Alsacienne d’Entomologie (SAE), ne peut que constater l’ampleur des dégâts. Il ne s’attendait pas à une telle vision : « Les chenilles ont eu tellement faim que même l’écorce a été mangée, ces arbustes sont morts sur pied ! ».

Les mesures de protection ont déjà coûté 500 000 euros

La pyrale du buis a fait son apparition en 2007 du côté de Weil-am-Rhein, en Allemagne, sans doute à la suite d’importations de jeunes arbustes en provenance d’Asie qui ont transité par les ports du Rhin et ont ensuite été vendus en jardinerie et autres points de vente. « Il y a de très fortes plus-values sur cet arbuste », explique Christophe Brua.

En six ans, l’insecte, qui n’a aucun prédateur, s’est étendu en France sur trente départements et douze régions. Les premières observations de papillons avaient été signalées en août 2008 à Saint-Louis par l’entomologiste alsacien Jean-François Feldtrauer.

« On aurait peut-être pu éviter cela en déclarant l’alerte afin de traiter les premiers bosquets infestés dans les villes, chez les particuliers et dans les jardineries ainsi que tous les plants de buis importés », souligne Christophe Brua. La Suisse et l’Allemagne l’ont fait, pas la France. « Il faut que ça serve de leçon, car il y a d’autres insectes envahissants. » Et de citer l’exemple du capricorne asiatique à Strasbourg, présent dans des palettes qui transportaient du granit en provenance de Chine. L’abattage des arbres et les mesures de protection ont déjà coûté 500 000 euros au contribuable et chez le particulier l’abattage obligatoire se fait à ses frais. « Pour ce qui est d’Illfurth, la commune ne pouvait rien faire », précise Christophe Brua. Un seul papillon pond dans les 200 œufs, ce qui explique l’ampleur et la soudaineté de l’attaque. Et il y a trois cycles sur l’année. « Traiter toute la forêt aurait provoqué d’autres dégâts sur l’écosystème pour une efficacité à long terme pas assurée. Le malheur veut que la pyrale du buis n’a aucun prédateur efficace connu. À notre stade d’observation, les oiseaux n’en sont pas vraiment friands, les chenilles concentrant les molécules toxiques du buis dans leurs corps. L’espoir se situe au niveau d’éventuels parasites ou parasitoïdes, mais après six ans d’invasion on reste dans l’expectative quant à une éventuelle régulation naturelle. Pire, la pyrale pourrait finir par s’adapter à d’autres espèces végétales. Des attaques de houx et de fusain ont été signalées mais pour l’instant uniquement dans leurs pays d’origine. Dès l’apparition de la pyrale du buis à Strasbourg, j’avais interrogé les autorités sur les actions qu’elles comptaient mener. Elles ont considéré le problème comme mineur car sans impact économique ». Mais Christophe Brua n’en est pas convaincu.

Le problème est plus vaste. En Europe, on dénombre à ce jour près de 400 insectes exotiques, dont plusieurs sont envahissants comme par exemple le moustique tigre, porteur potentiel de maladies qui se disperse depuis l’Italie et le Sud de la France.

La pyrale avait déjà provoqué des dégâts sur les buis du parc de l’Orangerie et du jardin botanique, puis du parc de Pourtalès à Strasbourg. L’insecte fait également des ravages dans le Bade-Wurtemberg.

Pour plus d’infos consulter le site de la SAE : http://sites.estvideo.net/sae/